14 juin 1791.
Les membres du conseil général de la commune étant assemblés en présence de Guilhaume DARRETCHE Me en chirurgie
procureur de la commune, le sieur DORONEA maire a dit : "Que le décret de l'Assemblée Nationale sur la constitution civile
du clergé nous rappelle la première ... de l'église, et qu'il croirait manquer à son devoir s'il ne dénonçait pas un abus dont
il croit qu'il serait facile de se débarrasser. Que ce n'est que pour un reste de superstition que l'on voit des femmes sous le
titre de Benoîte être destinée dans une contrée particulièrement au service des autels. Que dans tout le royaume on ne
voit au service des autels que des hommes sous le titre de marguiller et sacristain, et que ce n'est que dans ce pays que
l'on a pu se débarrasser de ces vieux haillons de la superstition dont partout ailleurs on les a bannies. Que ces institutions
étant contraires aux règles de l'église, il croit devoir espérer que la réclamation sera accueillie pour ce seul motif, quant
bien même il n'en existerait pas d'autre pour l'expulsion des deux benoîtes qui se trouvent dans cette paroisse. Mais qu'à
ce motif particulier d'expulsion, il serait autorisé par les circonstances à présenter d'une autre espèce. Que bien loin d'avoir
à se féliciter de la conduite de deux benoîtes de cette commune, il est au contraire dans le cas d'avoir à s'en plaindre.
Que personne ne doit ignorer et ne peut ignorer en effet les intrigues et les moyens odieux qu'elles se sont permises
d'employer pour discréditer 4 prêtres assermentés de cette paroisse. Qu'on les a vu affecter de ne point se trouver et
assister aux messes des dits sieurs prêtres assermentés et quitter souvent la paroisse les jours de dimanche où leur
caractère aurait dû les obliger à y rester pour le bon exemple. Qu'à ce motif, il en ont encore un autre que l'on peut ajouter
et que l'administration ne pourra voir qu'avec plaisir, c'est que les habitants se trouvent fort mal à propos surchargés d'une
contribution au moins d'environ 800 livres que retirent entre elles les dites benoîtes des profits de leur quête des baptêmes
et des mariages, et ce moyennant une constitution d'aumône totale de 1400 et quelques livres, et le logement d'une des
deux.... son jardin, ....moyen d'une somme de 150 ou 200 livres, il pourrait se trouver des hommes qui feraient le service
de l'église et du soin des ornements de l'église et qu'il n'a pu voir qu'avec indignation l'état affreux dans lequel ils se
trouvent tandis que l'une des dites benoîtes avait un traitement particulier pour l'entretien et réparation des dits ornements.
Qu'enfin il prie les dits sieurs membres du dit conseil général de la présente commune de prendre une délibération qui ....
qu'il cherche à faire cesser l'abus de benoîtage introduit dans l'église, prouvera le bon ordre et la tranquillité. "
Sur quoi, ouï le dit sieur DARRETCHE procureur de la commune, il a été délibéré que les dites benoîtes seraient remerciées
de leur service, et que la présente délibération serait envoyée à Messieurs les administrateurs du directoire du
département aux fins d'être autorisé à vendre une partie des chênes qui périssent dans le bois commun et un terrain
parsemé de quelques chênes qui se trouve dans le lieu appelé TARTEA contigu au bois TAGOSSE pour de ce produit être
payé aux dites benoîtes le montant de leur aumône dotale et les .... être employé dans des réparations nécessitées par le
déboulement du 28 mai dernier aux ponts qui sont placés sur la rivière appelée la Nivelle et au remboursement de
quelques dettes de la communauté.