Village saint-pée sur nivelle

Sur les traces de la protohistoire
de St Pée

La naissance du pastoralisme

Le territoire de Saint-Pée-sur-Nivelle constitue l'essentiel de la vallée de la Nivelle. Il est traversé d'est en ouest sur plus de 20 km par ce fleuve venu de Dantxaria. De la préhistoire à nos jours, il a été l'objet de transhumances saisonnières entre les Pyrénées et les Landes. Les bergers et leurs troupeaux trouvaient de gras pâturages sur ses collines, les profonds vallons, peu accessibles, étant abandonnés à la forêt.
De Suhamendi au gué d'Helbarron, puis sur la route d'Ahetze, une série de tumulus jalonne ceschemins de transhumance et témoigne de cette activité dès la préhistoire.
Le docteur Jacques Blot est celui qui a jusqu'ici le plus étudié et fouillé les sites préhistoriques de la commune. Il a surtout trouvé des tumulus, éminence (70cm) circulaire (de 5 à 9m) de terre recouvrant un cercle de pierre. Leur fouille n'a révélé que peu de matériel et deux types de datation indiquent qu'ils ont servi à des rituels entre 0 et -1500 avant notre aire.

Seule présence visible, un cromlech au sommet de la Croix Ste Barbe où un cercle pierres dépasse du sol ainsi que 7 tertres érigés sur un terrain en assez forte pente près de Pettikengorda.

Le positionnement est-ouest de la Nivelle n'a pas favorisé l'implantation de voies romaines sur le territoire de la commune. En limite nord est de celle-ci se trouve la chapelle d'Otsanz que l'ordre des Prémontrés aurait construite ainsi que les abbayes de Lahonce et Urdax. C'est à Otsanzbeheria qu'étaient reçus et éventuellement secourus les pèlerins. Aujourd'hui cette chapelle est proche d'un chemin de Compostelle, celui de la voie du Batzan.

Fouille du tumulus Zuhamendi III par le docteur Jacques Blot

Fouille du tumulus Zuhamendi III par le docteur Jacques Blot

Sites protohistoriques de St Pée.

Par l'arrêté n° AZ.13.64.26, le préfet de la Région Aquitaine a dressé une liste des sites remarquables à protéger sur la commune de St Pée sur Nivelle. Sur cette liste on trouve :
1° Suhalmendi 1 : tumulus protohistoriques et structures pastorales d'époque indéterminée.
2° Croix de Sainte-Barbe : tumulus protohistorique.
3° Zirikolatz est : occupations du paléolithique et tumulus protohistorique.
4° Zirikolatz ouest : occupations du paléolithique et tumulus protohistorique.
5° Olha : occupations du paléolithique et possible forge d'époque indéterminée.
6° Barraka côte 154, Larreondoa : occupations du paléolithique, enceinte protohistorique.
7° "Landes nord-est", côte 154 : occupations du néolithique.
8° Larrekokurrutzea : possible tumulus protohistorique.
9° Bixutia Suhalmendi 2 : tumulus protohistoriques et structures pastorales d'époque indéterminée.
10° Bois de Saint-Pée : occupations du paléolithique.
11° Alforokoborda : occupation paléolithiques problables.
12° Olhaetxeberrikoborda : occupations du paléolithique.
13° "Le Blaireau" : occupations du paléolithique.

Situation de quelques tumulus aux environs de Zuhamendi

Quelques tumulus des environs de Zuhamendi

Tumulus Zuhamendi 2 dit de Bixustia

Ce tumulus circulaire de 12m de diamètre et 50cm de haut est assez peu visible. 4 pierres évoquaient la possibilité d’un cromlech et s’avéraient faire parti du péristalithe.
Ce tumulus semble avoir été réalisé en plusieurs étapes :

1) décapage du sol sur une surface circulaire de 18 à 20m de diamètre et d’une profondeur de 40cm, c'est-à-dire jusqu’au sol de concassage naturel. La terre arable de cette surface ayant été rejetée à l’extérieur et mise de côté.

2) Le lieu de l’incinération pourrait avoir été à l’extérieur de l’aire ou dans son quart Sud-Est, dans une zone où de petits blocs de grès ont été disposés en cercle avec de nombreux morceaux de charbon de bois. La crémation terminée, les cendres du mort on put être disposées entre deux poteries retrouvées renversées l’une sur l’autre et placées au centre de la chape argileuse. Toutefois aucune trace de charbons, d’ossements calcinés ou de cendres n’a été trouvée au centre de ces poteries ce qui suppose :
o soit qu’elles ont été délavées par la pluie et les eaux de ruissellement,
o soit que le rite n’impliquait pas de dépôt de cendres ce qui semble le plus probable. Il s’agirait alors d’une offrande de céramique pour le grand voyage…

Des charbons de bois ont été dispersés volontairement sur l’aire circulaire lorsqu’elle était dégagée.

L’état de fragmentation de l’ensemble de la céramique et les tessons retrouvés ne permettent pas la reconstitution complète des poteries.
o Celles-ci ont pu être renversées et jetées brutalement sur la chape d’argile. La poterie du dessous étant plus brisée que celle du dessus, le rituel impliquant le bris préalable des poteries ce qui expliquerait que des tessons d’une 3° poterie ont été trouvée.
o A moins la pauvreté des populations ait été telle qu’ils aient été contraints de consacrer de la vaisselle domestique et usagée au rituel funéraire.
o Il se peut aussi que malgré les soins pris lors de la fouille, des fragments de poterie aient été égarés.

3) L’élévation du tumulus commençait par la pose d’une épaisse chape d’argile constituant le noyau central du tumulus. Une zone circulaire de 7 à 8 m de largeur, légèrement déprimée autour du tumulus pourrait être la zone de prélèvement de cette couche d’argile.La pauvreté des bergers peut expliquer l’absence de débris d’armes ou d’outils autour de la poterie.

4) Une couronne de pierres, constituée de blocs de grès local, était disposée sur la couche d’argile. L’aspect, les dimensions et la disposition des pierres est variable. Le tout étant recouvert par une couche de terre végétale d’environ 30 cm d’épaisseur.

Datation.

Trois méthodes de datation ont été utilisées :

1) la datation au carbone 14, faite sur des fragments de charbon, donne 650 ans avant J.C.
2) La thermoluminescence, mesurée sur des fragments de poterie funéraires,
3) La typologie de la poterie. Ces deux dernières techniques autorisent une estimation d’environ 620 à 600 années avant J.C. , soit le début du deuxième âge de fer.

Dessin de la fouille du tumulus Zuhamendi par le docteur Jacques Blot

Les informations ci-contre sont extraites d'articles publiés par le docteur
Jacques Blot.
Pendant 40 ans celui-ci a arpenté le Pays basque à la recherche de ses sites préhistoriques.